Pourquoi je préfère le pain cuit au feu de bois

Pourquoi je préfère le pain cuit au feu de bois

Le pain cuit au feu de bois n’est pas meilleur que le pain cuit dans un bon four à sole, quelle que soit l’énergie utilisée. J’en suis convaincu. Pourtant, je sais que de manière assez irrationnelle, je préfère un pain cuit dans un four à bois. Et je sais aussi que l’écrasante majorité des fanatiques de pain (dont je fais partie) préfère aussi le feu de bois. On ne voit pas l’étincelle dans le regard lorsqu’on annonce à un client « c’est un four électrique ». Commencez à parler de quelle essence de bois vous utilisez et vous verrez la conversation s’animer.
Ca me rappelle cette anecdote sur Coca et Pepsi. On a fait déguster les deux boissons en aveugle à des consommateurs. En aveugle, Pepsi est la boisson préférée par la majorité. Mais dès lors que les goûteurs savent ce qu’ils boivent, ils préfèrent largement Coca. On voit là l’effet profond du marketing en action depuis des décennies.

Si on faisait goûter du pain cuit dans un four à bois et du pain cuit dans un four à sole, en aveugle, je mets ma main à couper que personne ne saurait faire la différence, toutes choses égales par ailleurs. Dès lors que l’on fait goûter en connaissance de cause, je suis également sûr qu’une majorité préférerait le pain cuit au bois. Pourquoi ? Tout simplement parce que cette seule information nous permet de nous raconter une histoire sur le pain que l’on déguste. On imagine le bois fendu à la hache, on imagine le feu crépitant, la chaleur qu’il dégage. La symbolique du feu est extrêmement puissante et ancienne. Comme le faisait remarquer Baudouin de Bodinat, lorsqu’on est invité à manger chez quelqu’un qui ne fume pas, se chauffe et cuisine à l’électrique, « on est à dîner chez une humanité qui a perdu le feu ».

Pour moi, au-delà de l’aspect poétique du feu de bois, auquel je suis attaché, et le fait que le feu nous permet de faire civilisation, c’est incontestable, ce qui emporte le morceau à mes yeux, c’est l’autonomie que procure le four à bois. Il peut y avoir un blackout sur le réseau électrique, une pénurie de gaz, ou allez savoir quelle pénurie, il suffit de jeter un œil à son tas de bois pour se rassurer instantanément. Avec ça, je peux faire dix fournées. C’est un luxe de pouvoir ignorer les réacteurs nucléaires trop chauds, une guerre sur le chemin des gazoducs ou une pénurie de granulés (le prix triple, par exemple). Un luxe qui se paie d’un surcroît de travail, c’est évident, mais dont je m’acquitte avec plaisir, sachant tout ce que ça m’apporte en contrepartie.

Un peu de sueur contre l’autonomie énergétique et un beau supplément d’âme.

Et vous, qu'en pensez-vous ? Je serai curieux de savoir si je suis le seul à ne voir aucune différence de qualité entre les types d'énergie utilisés et tout de même choisir le bois.

Bonne fournée à vous.

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